Desert-Rock

Interview with Goran/Generous Maria

Interview par Jihem en octobre 2006

Fort d un récent album intitulé « Electricism » qui devrait
logiquement se retrouver en bonne place dans les classements de fin d
année, les Suédois de Generous Maria sont en train de se faire un nom
dans la galaxie stoner. Nous avons rencontré Göran, le chanteur
charismatique particulièrement affable du groupe quelques heures avant
qu il ne monte sur la scène du Buzzfest.



Vous venez de faire deux dates en Hollande. Cà c est bien passé, pas
trop naze ?

Oui, c était vraiment bien mais c est incroyable de constater à quel
point tu peux être fatigué après seulement deux jours en Hollande ! On
a joué à Rotterdam avec nos potes de 3 Speed Automatic, les concerts
étaient très bons et ensuite on a fait la fête chez eux. Cà s est
terminé tard et on a du se lever tôt pour régler des problèmes
pratiques, louer une camionnette, ce genre de trucs, mais çà fait
partie du boulot.



« Electricism » à reçu énormément de bonnes critiques de la part de la
presse stoner, qui est généralement toujours positive vis-à-vis des
nouvelles sorties. Qu en est-il de la presse rock plus généraliste ?

C est vrai, je vois ce que tu veux dire, mais nous avons aussi eu un
bon retour de la part de Rock Hard ou Up Magazine en Hollande ainsi que
de la part d autres magazines plus généralistes et c est également très
important. Buzzville est un label très actif qui vise plus large que le
petit monde du stoner et essaye de toucher le plus de monde possible.



Considères-tu cet album comme une évolution ou une continuation de l
album précédent ?

Je dirais que c est une évolution, ce n est pas le même album que «
Command of the New Rock » en tous points. Il faut dire qu il y a eu un
long laps de temps entre les deux, la réalisation de cet album est le
résultat d un long processus. Nous avons à présent un deuxième
guitariste, Danne, qui est avec nous depuis longtemps mais qui ne
jouait pas sur le premier album, ce qui change la donne. De plus, c est
lui qui a produit « Electricism », ce qui signifie qu il a apporté un
tas de choses à différents niveaux. Ce n est pas comme si on faisait
les choses de façon complètement différentes mais « Electricism » est
plus rock n roll, plus « in your face ».



Danne produisait déjà l album précédent, vous n avez pas eu envie de
prendre quelqu un d extérieur au groupe pour avoir un point de vue
différent ?

C est vrai mais il parvient très bien à dissocier les deux rôles au
sein du groupe. Cà pourrait être intéressant d avoir de temps en temps
quelqu un d extérieur qui apporterait un regard neuf, mais jusqu à
présent, çà marche très bien comme çà.



Si tu devais changer de producteur, avec qui aimerais-tu travailler ?
N y a-t-il pas un producteur avec qui tu rêves de faire le prochain
album ?

Je ne sais pas, je n y ai jamais vraiment réfléchi en fait. Il y a
bien quelques mecs de Göteborg avec qui j aimerais travailler mais je n
ai aucun nom de « producteur de rêve » en tête. Tant que çà fonctionne
avec Danne, on continuera comme çà.



Cet album, tout comme « Command of the New Rock » est très varié, mais
pourtant on n y retrouve pas de titre plus psyché comme « Ashram of the
Absolute », un titre particulier que les gens semblent particulièrement
apprécier. Ce morceau était un accident ?

Cette chanson particulière a été presque entièrement écrite par notre
ancien guitariste. En fait, ce n est pas comme si on réfléchissant
clairement au moment de composer en se disant « maintenant, on doit
faire ceci ou cela », les choses viennent naturellement et visiblement
çà n a pas été le cas pour cet album, il n y a pas de titre orienté
psyché, on voulait que çà reste plus rock n roll. Mais je crois qu on
refera des choses plus psyché sur le prochain album.



D autre part, il y a un côté très funky dans le riff de « Ripe » sur
le nouvel album. Avez-vous d autres références que le rock, est-ce que
le Funk, la Soul, le Jazz ... vous inspirent également ?

En tant que groupe composé d autant d individualités, nous écoutons
tous un tas de choses très variées, en particulier Danne, Jeppe et moi.
En ce moment, dans le van, nous écoutons par exemple des trucs des
années 40 et nous ne sommes donc pas uniquement influencé par le rock.
Forcément, on retrouve une toute petite partie de ces influences dans
notre musique, comme c est en effet le cas pour « Ripe ».



La pochette de « Electricism » à une fois de plus été réalisée par
Malleus. Doit-on y voir un concept comme c était le cas pour « Command
of the New Rock » inspiré de 2001 : Odyssée de l espace ?

Non, cette fois-çi nous avons entièrement laissé l initiative à
Malleus. Nous lui avons présenté les titres et il est arrivé avec cette
pochette. Pour « Command of the New Rock », nous avions beaucoup
discuté avec lui, il y avait eu beaucoup d échanges car nous avions une
idée de ce que nous désirions. Mais cette fois-çi nous l avons laissé
faire et nous avons attendu qu il nous présente le résultat final que
personnellement j aime beaucoup.



Parlons un peu de labels. Vous avez deux albums, un EP et un 7??, tous
sorti sur des labels différents. Est-ce que Buzzville est enfin le bon?


Oui, je pense. Ce sont des gens sympas, ils sont efficaces, ils font
ce qu ils promettent de faire ... ils font vraiment du très bon boulot.
Notre label précédent, Lunasound, partait dans un tas de directions
différentes pour suivre les nouvelles tendances, ce qui au final les a
perdu.



Et comment en êtes-vous arrivés à signer avec Buzzville ?

C est notre manager qui nous a mis en relation avec eux. Nous
connaissions le label mais nous n avions aucun contact et il les a
démarché, eux et d autres labels, pour savoir s ils ne voulaient pas
rééditer « Command of the New Rock » dont on avait récupéré les droits.
Lunasound avait revendu son catalogue à un label américain et çà ne
rimait plus à rien, on n a jamais entendu parler de ces mecs. A ce
moment là, l enregistrement de « Electricism » était presque terminé et
Buzzville a accepté de le sortir également, ce qui tombait bien.



Christian, le guitariste de The Awesome Machine, joue sur la reprise
de « Precious & Grace ». Est-ce que vous avez beaucoup de contacts avec
les autres groupes suédois où çà se limite uniquement à ceux qui
viennent de Göteborg ?

On a quelques contacts avec des groupes d autres régions, on a souvent
joué avec Abramis Brama qui sont originaires de Stockholm, on a aussi
déjà joué avec Dozer. Mais c est vrai qu on est plus proche des groupes
de Göteborg, ce sont pour la plupart des potes, on se croise dans les
bars, on joue ensemble ...



Je te demande çà car vu de l extérieur, la Suède représente un peu l?
Eldorado au niveau du stoner, il y a pleins de groupes mais chacun
semble faire son truc de son côté.

Oui, je comprends que la Suède puisse passer pour un Eldorado, il y a
pleins de bons groupes, mais ce n est pas comme s il y avait des clubs
à chaque coin de rue, la scène n est pas si vivante. En plus, la Suède
est un grand pays, les groupes viennent d un peu partout et tout n est
pas concentré au même endroit. Ce n est pas simple d avoir une scène
très active dans ces conditions.



En fait, c est un peu comme partout en Europe, il y a de bons groupes,
des clubs et un public restreint qu on retrouve à chaque concert. Ce n
est pas trop frustrant de ne pas toucher un public plus large ?

Bien sur, ce serait mieux de toucher plus de monde, c est évident.
Mais d un autre côté, nous avons l occasion de jouer en Allemagne, en
Hollande, en Belgique et je l espère, bientôt en France, ce qui nous
permet de découvrir un nouveau public.



D un autre côté, on a le sentiment que beaucoup de groupes préfèrent
rester dans l underground pour garder leur indépendance. Comment
réagirais-tu si vous étiez approché par un major ?

C est facile de dire que tu veux rester indépendant et beaucoup de
groupes te diront qu?ils ne veulent pas signer sur un major. Mais je
pense que ce serait bien pour avoir plus d argent. Pas plus d argent en
poche mais plus de moyens pour l  enregistrement et la promotion, ce qui
permettrait de passer plus de temps en studio et ce serait vraiment
stupide de refuser çà, donc je crois que j accepterais. Mais le fait d
être sur un petit label et de garder son indépendance a également son
charme et justement, avec Buzzville, on est face à des gens avec qui on
peut discuter, ce ne sont pas des mecs en costumes, tout est basé sur
la confiance réciproque et c est quelque chose de très important.



Une dernière question qui te concerne plus personnellement. Tu es un
grand fan d Iggy Pop, que penses-tu de la reformation des Stooges ?

Oh, c est vraiment difficile car généralement, je pense que des trucs
comme çà puent. Mais je ne peux m empêcher d être curieux, je pense que
c?est fun pour eux de pouvoir refaire quelque chose ensemble après
presque 40 ans, çà doit être magnifique. Mais en même temps, je préfère
ne pas savoir, j aurais préféré que les choses restent comme elles
étaient et qu?on n?y touche pas. J adore Iggy même s il n a plus sorti
grand chose de bon depuis longtemps. Je continue à acheter ses albums
par habitude mais je crois qu il n avait pas besoin de reformer les
Stooges.

Jihem

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